Ce matin, nous reprenons le train pour descendre un peu plus au sud, direction une ville très populaire en Corée : Busan. On profite encore un peu de la chambre, probablement la plus belle, grande et confortable de tout notre voyage. On traîne, on prend notre temps, puis on fait nos sacs avant de sortir pour prendre un dernier café à l’accueil. Comme toujours, c’est le même jeune homme sympathique qui gère, et il nous offre encore une fois le café. Et quel café, toujours aussi délicieux.
Avec nos sacs sur le dos, on fait quelques pas dehors avec l’intention de prendre le bus pour retourner à la gare. Mais, faute d’indications claires, on finit par revenir à l’hôtel pour demander s’il serait possible de nous appeler un taxi. Au passage, Tara se rend compte qu’elle a peut-être oublié sa carte de transport dans la chambre. Le jeune homme de l’accueil tape un message sur son téléphone pour traduire : la chambre a déjà été nettoyée, mais ils n’ont pas trouvé de carte. Il demande si elle souhaite quand même aller vérifier.
Pressés par le temps, on décide de partir directement en taxi. Quelques minutes plus tard, notre transport est là. On roule un peu à travers les rues de Gyeongju, puis rapidement sur de grandes routes traversant les montagnes et surplombant des forêts. Le paysage est particulier : on a l’impression d’être au milieu de nulle part, mais au loin, derrière une grande colline, de gigantesques buildings apparaissent, dominant la nature.
Nous arrivons enfin à la gare de Gyeongju, un endroit familier puisqu’on y est arrivés à notre arrivée en ville. Après un rapide passage aux toilettes, je me rends au guichet pour prendre deux billets.
Un peu plus tard, nous sommes installés dans le train, en route pour Busan.
Le bus nous dépose dans une zone qui ressemble presque à un quartier industriel. De grands bâtiments entourent les lieux, avec des restaurants au rez-de-chaussée et des surfaces commerciales aux étages supérieurs. Difficile de croire qu’un temple se trouve dans les environs. Et pourtant, après un coup d’œil sur Maps, on se met en route vers notre destination.
Au fur et à mesure que nous avançons, la foule se fait plus dense. À notre gauche, on aperçoit un grand parc d’attraction très fréquenté, ce qui explique en partie l’afflux de monde. Mais à mesure que nous approchons du temple, les groupes de personnes autour de nous semblent aussi se diriger vers ce même point. Nous marchons de longues minutes le long d’une route sinueuse, croisant d’autres visiteurs, certains allant dans la même direction que nous, d’autres rentrant déjà.
Finalement, après un grand virage sur la gauche, nous arrivons à notre destination.
Korea #Busan.1
Haedong Yonggungsa Temple
Le Haedong Yonggungsa Temple (해동 용궁사) est l’un des temples les plus uniques de Corée du Sud, célèbre pour son emplacement spectaculaire en bord de mer. Contrairement à la majorité des temples coréens, généralement situés dans les montagnes, le Haedong Yonggungsa se dresse majestueusement sur les falaises rocheuses de la côte est, face à l’océan. Construit à l’origine en 1376 pendant la dynastie Goryeo par le moine Naong, ce temple est dédié à Yongwang, le dieu-dragon de la mer dans la mythologie coréenne.
Le temple est un lieu de pèlerinage et de méditation, mais aussi un site touristique prisé pour son cadre pittoresque. Avec ses statues, ses pagodes, et ses nombreuses représentations de dragons, le Haedong Yonggungsa offre une atmosphère spirituelle en parfaite harmonie avec la nature environnante. Les visiteurs viennent souvent admirer le lever du soleil, considéré comme un moment particulièrement propice pour prier et faire des vœux.
Juste avant d’atteindre la zone du temple, nous traversons une petite place animée avec quelques stands de nourriture et d’attractions, ainsi qu’un petit café. Très vite, notre flair de touristes nous indique que la plupart de ce qu’on trouve ici est un peu trop cher pour ce que c’est. On s’arrête quand même par curiosité devant un jeu de pêche aux canards, et Tara en profite pour prendre une belle photo.
On continue en longeant les petits magasins de souvenirs et de nourriture avant d’entrer dans l’enceinte sacrée du temple.
Il y a plusieurs choses à découvrir. On commence par grimper des marches raides et étroites entre les arbres pour atteindre une petite place surélevée, dominée par une grande statue. Il y a beaucoup de monde ; c’est probablement l’endroit le plus touristique que nous ayons visité jusqu’ici. Mais en faisant preuve de patience, on parvient à profiter de l’ambiance tout en attendant des moments d’accalmie pour capturer quelques photos et vidéos.
Ce qui rend cet endroit si unique, c’est le cadre spectaculaire : nous sommes entre la montagne et la mer, qui s’étend en contrebas, offrant une vue imprenable.
Dans de nombreux temples coréens, y compris au Haedong Yonggungsa, il est courant de faire des vœux ou des prédictions en laissant une trace symbolique. Les visiteurs ont généralement deux options pour participer à cette tradition. Ils peuvent acheter des petites feuilles de papier sur lesquelles ils écrivent leurs vœux ou leurs prières. Ces feuilles sont ensuite souvent accrochées dans des espaces dédiés, permettant de laisser une marque spirituelle tout en demandant la bénédiction des divinités.
Une autre tradition, propre à certains temples comme le Haedong Yonggungsa, consiste à acheter une tuile de toit. Les visiteurs écrivent leurs vœux ou prières directement sur la tuile, qui sera ensuite utilisée lors des rénovations ou pour remplacer les tuiles des toits des bâtiments du temple. Cette pratique est considérée comme particulièrement significative, car elle lie le vœu personnel à la préservation et à la protection du temple lui-même.
Un peu plus loin, après avoir monté quelques marches supplémentaires, nous atteignons un balcon qui offre une vue imprenable sur l’ensemble du temple. De là, on peut voir toute la zone dans son ensemble, et c’est vraiment magnifique. Nous avons la chance de profiter de quelques rayons de soleil perçant à travers les nuages, illuminant le temple d’une lumière magique par moments.
Notre dernière étape nous mène à une petite zone rocheuse, perchée au-dessus de la mer, qui permet de prendre encore plus de recul et d’admirer le temple dans toute sa splendeur. Malheureusement, la foule et les nombreux selfies sticks compliquent un peu l’expérience, et les grandes barrières de sécurité métalliques limitent la vue. Malgré tout, après avoir bien observé la zone et profité du paysage, nous décidons de remonter les marches pour retourner vers notre point de départ.
En haut des marches, je remarque un petit garçon devant une grande statue, imitant la pose de cette dernière pendant que son papa le photographie en riant. Trop chou.
De retour près du stand de pêche aux canards, on hésite. Est-ce qu’on redescend toute la pente pour prendre un bus ? Ou bien tente-t-on notre chance avec un Uber, sachant que jusqu’ici, nos courses étaient rarement acceptées ?
On décide de tenter Uber une nouvelle fois, et là, surprise : la course est acceptée en à peine quelques secondes. Très contents, on se demande si c’est grâce à la nouvelle photo de profil sur le compte de Tara qui améliore peut-être le taux d’acceptation.
Quelques minutes plus tard, la voiture arrive, fait demi-tour devant nous, et nous monte à bord. Après presque une demi-heure de route à travers les abords de Busan, ponctuée d’une petite turbo-sieste de ma part, la voiture commence à grimper une pente raide. Finalement, elle nous dépose à l’entrée de notre nouvelle zone à explorer.
Korea #Busan.2
Gamechon Culture Village
Le Gamcheon Culture Village (감천문화마을), surnommé le « Machu Picchu de Busan », est l’un des quartiers les plus emblématiques et colorés de la ville. Initialement un quartier pauvre fondé dans les années 1950 par des réfugiés de la guerre de Corée, Gamcheon a été transformé dans les années 2000 en un véritable village d’artistes. Les maisons cubiques, aux façades peintes de couleurs vives, forment un labyrinthe de ruelles étroites et escarpées, offrant des vues panoramiques impressionnantes sur la ville et la mer.
Aujourd’hui, Gamcheon est un symbole de créativité et de résilience, où l’art urbain, les sculptures, et les galeries d’artistes locaux attirent des visiteurs du monde entier. En flânant dans ce village, on peut non seulement découvrir des œuvres d’art à chaque coin de rue, mais aussi en apprendre davantage sur l’histoire du quartier et ses habitants, qui ont contribué à sa renaissance culturelle.
Nous passons sous les banderoles de bienvenue du Gamcheon Culture Village, un endroit vraiment atypique qui se distingue immédiatement par la diversité de ses façades colorées, diffusant créativité et joie. Après quelques pas, nous nous arrêtons pour lire un grand panneau explicatif sur la genèse de ce quartier unique.
Nous entamons ensuite une longue balade en suivant l’itinéraire proposé. Il y a pas mal de monde autour de nous, mais la visite reste agréable. De nombreux points de vue s’offrent à nous pour prendre des photos, et on en profite pour capturer ces moments. En sentant un petit creux, on décide de s’arrêter dans une petite échoppe où nous avons repéré des fenêtres offrant une superbe vue sur une partie du quartier. On commande des frites de riz et une glace entourée de marshmallow flambé sous nos yeux, grâce à un énorme chalumeau en forme de casque d’Iron Man. Ok, pas vraiment de la cuisine traditionnelle, mais ça fera l’affaire !
On se dirige vers la fenêtre que nous avions repérée pour déguster nos snacks. Comme il n’y a pas grand monde et que l’endroit est plutôt tranquille, on en profite pour prendre quelques photos et vidéos sur place.
En continuant notre promenade, on découvre plusieurs petites boutiques sympas. Mais la fin d’après-midi approche, et certaines commencent à fermer. Nous savourons les derniers moments de lumière à Gamcheon, en nous aventurant dans les petites ruelles étroites et colorées. Finalement, nous terminons la boucle et arrivons sur la route principale, où de petits bus remplis de touristes circulent dans les deux sens.
Nous attendons le bus à un arrêt assez tranquille, un peu plus bas que l’entrée principale du Gamcheon Village. Lorsque le bus arrive, on monte, on fait biper nos cartes, et par chance, on trouve des places assises.
À l’arrêt suivant, un grand groupe de touristes hésite à monter. Le groupe est trop nombreux pour trouver des places, et leur guide tente, sans grand succès, de comprendre si le bus va bien dans la direction souhaitée en discutant avec le conducteur. La conversation semble difficile et le temps d’arrêt s’allonge. Finalement, ils ne prendront pas ce bus.
Après un petit trajet tranquille, nous descendons pour aller explorer notre prochaine destination.
Korea #Busan.3
Jagalchi Fish Market
Le Jagalchi Fish Market (자갈치시장), situé au bord du port de Nampo à Busan, est le plus grand marché aux poissons de Corée du Sud et une véritable institution. Réputé pour ses fruits de mer ultra-frais, ce marché propose une expérience unique, surtout de nuit, lorsque l’endroit s’anime encore plus. Les étals débordent de poissons, crustacés et mollusques, tandis que les restaurants adjacents préparent les produits à la demande pour les visiteurs curieux de déguster des spécialités locales comme le sannakji (poulpe vivant).
La visite nocturne offre une ambiance différente, avec des lumières vives et une atmosphère presque mystique, plongeant les visiteurs dans l’essence même de la culture maritime de Busan.
Nous descendons du bus et marchons en direction du Jagalchi Fish Market. Il fait déjà nuit, et bien que certains stands soient fermés, l’endroit reste très animé. Peu de gens se promènent dans les allées, mais beaucoup sont installés pour manger. Le marché est organisé en une sorte de mini-restaurants, dont une grande partie est tenue par des petites mamies.
Il y a une explication culturelle derrière la présence de nombreuses vieilles dames, souvent appelées « ajummas » (아줌마), tenant les stands de poisson dans des marchés comme le Jagalchi Fish Market.
Historiquement, après la guerre de Corée, beaucoup de femmes se sont retrouvées veuves ou dans des situations précaires, notamment dans des villes portuaires comme Busan. Ces femmes, souvent issues de milieux modestes, se sont tournées vers la vente de poissons et fruits de mer pour subvenir aux besoins de leurs familles. Le Jagalchi Fish Market est ainsi devenu un lieu emblématique où ces femmes ont bâti leur vie et leur indépendance en travaillant dur dans des conditions souvent difficiles.
Aujourd’hui, ces « ajummas » représentent une génération résiliente et respectée de travailleuses. Leur présence est devenue un symbole de la culture du marché aux poissons en Corée, où elles continuent de perpétuer cette tradition, transmettant leurs connaissances et leur expertise. C’est aussi un reflet de la place importante qu’occupent les femmes dans l’économie locale, en particulier dans les marchés et les petits commerces.
Les étals sont tous très similaires dans leur agencement : à l’avant, côté rue, on trouve des aquariums remplis de fruits de mer et des présentoirs à poissons. Derrière, une petite partie restaurant, très rustique, où les clients dégustent leur repas. Chaque espace est compact, en forme de cube, et la plupart des clients semblent manger la même chose : des ragoûts ou soupes de fruits de mer frais, cuits dans des sauces épicées typiquement coréennes. L’atmosphère est conviviale et authentique, un vrai plongeon dans la culture culinaire locale.
En se promenant dans le Jagalchi Fish Market, on remarque rapidement que la majorité des clients semblent déguster les mêmes plats emblématiques, des ragoûts ou des soupes de fruits de mer. Ces deux plats, le haemul jjim (ragoût de fruits de mer épicé) et le haemul tang (soupe de fruits de mer claire), sont au cœur de l’expérience culinaire du marché. Préparés avec des fruits de mer ultra-frais pêchés directement des aquariums devant les stands, ces plats offrent une immersion totale dans la culture gastronomique de Busan. Le haemul jjim est souvent cuit à la vapeur avec des épices et des sauces piquantes, tandis que le haemul tang propose une version plus légère en bouillon clair, mais tout aussi savoureuse. Les clients savourent ces mets directement à table, où ils sont chauffés sur des réchauds pour rester bouillants tout au long du repas. Ces plats partagés autour de petites tables rustiques représentent l’essence de la convivialité et de l’authenticité du marché.
Dans le marché, de nombreux chats errants se promènent, tous plus mignons les uns que les autres, et ils semblent avoir un talent pour négocier des restes de poissons auprès des mamies avec leurs miaulements et leurs regards adorables. Certaines scènes sont tellement drôles qu’on s’arrête souvent pour prendre des photos de ces petits moments de vie avec les chats.
La soirée avance, et un petit creux commence à se faire sentir. Après une courte pause, appuyés contre une barrière en bord de route, on prend le temps de réfléchir à la suite de notre soirée. Finalement, on décide d’aller prendre le métro, juste un peu plus loin, pour retourner à l’hôtel faire un checkpoint rapide.
Sur le chemin, on achète quelques snacks à déguster plus tard, une fois rentrés à l’hôtel. Après s’être changés et rafraîchis, nous ressortons, cette fois pour aller à pied dans un restaurant japonais qui nous tente beaucoup.
Korea #Busan.4
Seomyeon : le cœur vibrant de Busan
Seomyeon est l’un des quartiers les plus dynamiques et fréquentés de Busan, souvent considéré comme le cœur commercial et de divertissement de la ville. Situé à la croisée des deux principales lignes de métro, ce quartier offre une combinaison parfaite entre shopping, gastronomie et vie nocturne. Seomyeon est célèbre pour ses rues souterraines de boutiques, où l’on trouve des vêtements, accessoires et cosmétiques à des prix abordables, ainsi que pour ses rues piétonnes animées, bordées de restaurants, bars, et cafés.
Le soir, Seomyeon se transforme en un véritable carrefour de la vie nocturne à Busan, avec ses bars, karaokés, et PC bangs où les locaux et les touristes se retrouvent pour passer un bon moment. C’est un quartier où modernité et effervescence urbaine se rencontrent, offrant un aperçu de l’énergie vibrante qui caractérise cette ville portuaire.
Nous arrivons dans une rue extrêmement animée, remplie de monde, de jeunes, de restaurants, de bars, et de magasins, le tout clignotant de lumières vives et colorées. L’énergie est partout. Nous marchons un bon moment au milieu de cette effervescence avant d’atteindre notre destination.
Nous entrons dans le restaurant et montons quelques marches avant de nous retrouver devant une belle porte en bois. Derrière, on aperçoit un grand frigo rempli de produits frais : viandes et poissons. Une jeune femme nous accueille. Nous lui disons que nous sommes deux, et elle nous demande si nous avons une réservation. Malheureusement, non. Le restaurant est bien rempli, mais après avoir réfléchi un instant, elle décide de nous installer à une grande table, normalement non utilisée le soir. Trop cool, on peut s’asseoir. La carte en anglais nous est apportée, et nous commandons chacun un ramen, qui s’avère très bon. Pendant le repas, deux hommes coréens s’installent à l’autre bout de notre table, mangeant rapidement et bruyamment, comme nous l’avons souvent observé depuis le début de notre voyage.
Après avoir ouvert quelques boosters de cartes Pokémon, on se remet en mouvement pour finir la soirée.
Nous marchons tranquillement, profitant encore de l’ambiance de Seomyeon. Sur le chemin, un Game Center attire notre attention. Nous traversons le rez-de-chaussée de cet immense endroit où se trouve… un carrousel à l’intérieur (!), du genre qui tourne rapidement et colle les gens contre les parois avec la force centrifuge. Un peu plus loin, un jeu de danse rythmé, sur lequel un jeune garçon explose tous les records, attire notre regard. Plus loin encore, un autre garçon bouge ses mains si vite sur une machine d’arcade qu’on a du mal à suivre ses mouvements. La musique des différents jeux se mêle à mesure que nous errons dans le lieu. Ce sont surtout des ados, voire des pré-ados, qui s’y retrouvent. Les garçons tournent autour des filles, et les filles autour des garçons. Après cette immersion, nous sortons par l’autre côté du bâtiment et continuons notre marche.
Plus loin, nous tombons sur un autre espace très éclairé, rempli de machines à pince. Et surprise, on peut payer avec la carte ! Un autre couple est déjà présent, mais sinon, l’endroit est assez vide. Je tente ma chance sur quelques machines, sans succès cette fois-ci.
Dehors, à l’entrée, nous repérons une machine à punch. Chacun de nous y donne une bonne patate de forain avant de repartir.
Nous terminons les derniers pas qui nous séparent de l’hôtel. De retour dans notre chambre, nous savourons nos petits snacks, dont un rouleur de gimbap que j’avais envie de goûter depuis que j’avais vu d’autres touristes en déguster un quelques jours plus tôt. Enfin, on profite d’un bon bain dans la baignoire avant de nous coucher. Le lendemain, une nouvelle ville nous attend.